La France peut-elle atteindre le niveau du Royaume-Uni, des Pays-Bas ou de l'Allemagne et devenir un "leader" du e-commerce en Europe ?
Peut-être, car, bonne nouvelle, le e-commerce ne s'est jamais aussi bien porté. 22 % de croissance sont attendus cette année en dépit de la crise économique. En termes d'insertion sociale, le e-commerce joue un rôle clé sur l'emploi et le pouvoir d'achat. Donc, oui, Internet est un formidable levier de sortie de crise pour les entreprises françaises, qui réalisent 12 % de leur chiffre d'affaires sur Internet, soit 4 points de moins que la moyenne des leaders européens. Ce qui veut dire que le retard de la France sur les pays les plus avancés en Europe doit être perçu comme un atout : son fabuleux potentiel de croissance incitant les entreprises à davantage exploiter ce mode de distribution. Tels sont les grands enseignements de l'étude publiée le 30 juin par la société de conseil spécialisée dans les affaires européennes Eurobrief, sur la base des analyses statistiques, des données de la Fevad et d'eBay, et des enquêtes d'opinions les plus récentes.
Internet : vecteur de pouvoir d'achat et de création d'emplois
Pour les consommateurs français, Internet représente une économie de 30 % en moyenne sur le prix des produits neufs par rapport aux grands magasins. D'où l'augmentation exponentielle du nombre d'acheteurs (17,8 millions en 2008), du nombre de transactions par acheteur et du nombre de sites marchands, mais aussi la performance de certains secteurs. En termes de chiffre d'affaires, le tourisme arrive en tête, devant les produits techniques, les vêtements et les produits culturels. Les cyberacheteurs français (25 % en 2008) se situent néanmoins loin derrière les Britanniques (49 %), les Allemands (42 %) et les Suédois (38 %).
Le e-commerce est aussi générateur d'emplois. "Arrêtons de penser que le e-commerce va détruire des emplois et le petit commerce ! Il permet au contraire au petit artisan du fin fond de la France de vendre ses produits à l'international", s'exclame Alexander Von Schirmeister, directeur général d'eBay France. En effet, 20.000 emplois directs et 60.000 emplois induits ont été générés par le e-commerce en 2008, un chiffre en constante augmentation puisqu'il a doublé en l'espace de quatre ans.
Le e-ommerce crée des débouchés commerciaux et permet de réaliser des gains de productivité fabuleux. À cet égard, "le statut de l'auto-entrepreneur représente un pas en avant formidable", souligne Jean-François Jamet, économiste et coauteur de l'étude d'Eurobrief. "Le commerce en ligne est une source de revenus complémentaires pour des centaines de milliers de particuliers, ajoute Alexander Von Schirmeister. 35.000 Français gagnent leur vie grâce à eBay, ils sont 170.000 en Allemagne", précise-t-il.
Pourtant, "la pénétration de la vente en ligne des entreprises est en retard même si elle progresse rapidement", note Jean-François Jamet. La solution ? "Sensibiliser davantage les ménages et entreprises aux bénéfices du e-commerce", recommande l'étude d'Eurobrief, dont les auteurs insistent aussi sur l'importance d'une fiscalité réduite. "Il ne faut pas céder à la tentation de taxer les secteurs émergents et d'aider les secteurs en déclin, prévient Jean-François Jamet. Évitons de tuer la poule aux oeufs d'or !"
Les freins au e-commerce : fracture numérique et sentiment d'insécurité
Victime de la fracture numérique, Internet exclut trois catégories de la population : les seniors, les personnes peu qualifiées et celles à faibles revenus. D'où l'importance de mettre en place des formations adaptées, recommande l'étude d'Eurobrief.
Autre frein au développement du commerce en ligne : la crainte de la délinquance et des fraudes sur Internet (contrefaçon, publicité trompeuse...), ou encore l'insuffisance des outils de protection des données personnelles (usurpation d'identité...). L'étude propose la mise en place de labels associés à des chartes de bonnes pratiques, créant ainsi une "galaxie de sites hautement sécurisés". Enfin, les achats interentreprises sont encore timides, la France se situant bien en deçà de la moyenne européenne. Explication : notre culture du fax pour passer les commandes. Il s'agit donc de changer les comportements et de libérer la politique d'achat de l'entreprise de son contrôle hiérarchique.
Ces messages et prises de conscience ne doivent pas pour autant occulter le risque de faire de l'Internet un espace "libertaire et non responsable", glisse le député UMP Olivier Dassault. "Internet ne peut pas supplanter les boutiques et le contact de proximité, les mécanismes régulateurs sont nécessaires." D'autant plus nécessaires que, comme le rappelle le député UMP Jean-Michel Fourgous, "le temps Internet dépassera le temps télévision en 2010".
Article à lire ici :
http://www.lepoint.fr/actualites-technologie-internet/2009-06-30/e-commerce-commerce-electronique-un-outil-anti-crise/1387/0/357112
Source : Le Point Par Laurence Neuer
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